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Thrombocytose sous rivaroxaban
THROMBOCYTOSE SOUS RIVAROXABAN : Un effet indésirable méconnu
INTRODUCTION
C. JOYAU1, G. VEYRAC1, S. PIESSARD2, F. DELAMARRE-DAMIER3, P. JOLLIET1,4
(1) Service de Pharmacologie Clinique, Institut de Biologie, Nantes, France ;
(2) Hôpital Sèvre et Loire, Vertou, France et Faculté de Pharmacie, Université de Nantes, France ;
(3) Médecin Coordonnateur, EHPAD de Saint Laurent sur Sèvre, France et service de Gériatrie, Hôpital de Cholet, Cholet, France ;
(4) EA 4275 « Biostatistiques, Pharmacoepidemiologie et Mesures Objectives en Santé», UFR Santé, Nantes, France
La thrombocytose est une anomalie fréquente en pratique clinique et il n’existe pas de consensus quant à sa définition exacte. Elle regroupe un spectre très large d’étiologies primitives et secondaires, on distingue les thrombocytoses familiales, les thrombocytoses clonales (incluant la thrombocytose essentielle due à des pathologies myéloprolifératives) et la thrombocytose réactionnelle ou secondaire [1].
Les thrombocytoses réactionnelles sont nettement plus fréquentes que les autres causes de thrombocytose et sont principalement associées aux syndromes et maladies inflammatoires, la carence martiale, la chirurgie (en particulier la splénectomie), la réponse à l’exercice intense, le stress, les hémorragies aiguës et l’exposition à certains médicaments [1,2]. Plusieurs articles font état d’un lien entre les héparines de bas poids moléculaire (HBPM) et les thrombocytoses [2-6]. En juin 2000, une étude menée sur la Base Nationale de Pharmacovigilance (BNPV) a permis de retrouver 51 notifications de thrombocytose supérieure à 500 000 plaquettes/mm3 associées à une HBPM. Dans tous les cas, les patients étaient asymptomatiques et la thrombocytose avait été découverte sur une numération plaquettaire systématique. En moyenne, les patients avaient suivi 12 jours de traitement au moment de la découverte de la thrombocytose. L’effet a disparu sans complication dans 41 cas, l’évolution n’est pas connue pour les 10 autres [7]. Le mécanisme physiopathologique n’est pas totalement connu à ce jour mais des études ont montré que les héparines favorisent la mégacaryocytopoïèse. Le mécanisme d’action fait intervenir une neutralisation de l'action inhibitrice du facteur 4 plaquettaire (PF4) et du facteur de croissance transformant (TGF β) sur la prolifération mégacaryocytaire. Il existe aussi une action synergique avec de nombreux facteurs de croissance tels que l'interleukine 6, le GM-CSF (Granulocyte Macrophage Colony-Stimulating Factor), l'érythropoïétine, le facteur cellulaire souche mais non avec l'interleukine 3. Enfin, une action potentialisatrice de la thrombopoïétine, facteur favorisant de façon prédominante la mégacaryocytopoïèse a également été mise en évidence [2]. Ce risque renforce l’importance du suivi régulier des plaquettes au cours de l’héparinothérapie.
Dans les thrombocytoses secondaires, les plaquettes sont qualitativement et fonctionnellement normales. Les complications telles que les évènements thrombotiques ou hémorragiques ne surviennent pas habituellement et le risque thrombo-hémorragique, s’il existe, serait alors lié à la maladie sous-jacente et non pas à l’hyperplaquettose. La survenue d’une thrombose ou d’une hémorragie chez un patient avec thrombocytose secondaire doit obligatoirement conduire à rechercher une composante clonale associée. Le traitement d’une thrombocytose réactionnelle est celui de la maladie causale [1]. Quelle que soit la cause de la thrombocytose, il convient de ne jamais négliger sa surveillance car l’association de plusieurs étiologies est possible et majore l’hyperplaquettose [2]. Nous n’avons pas retrouvé de cas de thrombocytose décrit sous anticoagulants oraux directs (rivaroxaban, dabigatran, apixaban) dans la littérature. Nous rapportons ici le cas d’une patiente traitée par rivaroxaban et qui a développé une thrombocytose.